Le 17 décembre au soir, nous partons pour l’Amazonie, dans la réserve de Cuyabeno. Mais l’Amazonie, ça se mérite ! 2h de taxi de Mindo à Quito, 2h d’attente au terminal de bus, 8h de bus de nuit, 1h30 de pause petit déjeuner et 2h de van pour arriver à l’entrée de la réserve… Vous imaginez qu’on arrive bien frais!
Il est 10h30 du matin, et la découverte de la réserve de Cuyabeno commence par 2h de bateau pour atteindre le lodge. Nous sommes seulement tous les 4 avec notre guide et le conducteur de la pirogue motorisée. La pirogue file sur l’eau avec légèreté, et peu de bruit, la sensation est très agréable. La rivière Cuyabeno fait environ 8m de large, et elle est bordée d’une végétation luxuriante, avec beaucoup de broméliacées et d’orchidées.
Nous cherchons les animaux, et nous trouvons un paresseux à 2 doigts, 3 différentes sortes de singes (singes-écureuils, capucins et sakis), un aigle harpie (très puissant et très rare selon la guide), une belle entrée en la matière !
Nous arrivons au lodge affamés. Heureusement le déjeuner nous attend, c’est simple et bien cuisiné. Du poulet en sauce avec du riz et des crudités, ainsi que des fraises en sirop à la cannelle.
Le lodge est au bord de la lagune ; il a une tour d’observation où nous pouvons observer les oiseaux dans les arbres. Nous avons de la chance, nous voyons de nombreux petits toucans rayés (ou araçari multibandes), un beau toucan ariel (plus gros, bec noir, yeux bleus), une dinde, de petits oiseaux. Le lodge a aussi un agouti semi-domestique et une colonie de fourmis coupe-feuilles qui ravissent Alix.
A 16h30 nous repartons en pirogue motorisée faire le tour de la lagune. Elle est emplie d’eau 9 mois par an, et les arbres sont sous l’eau tout ce temps (flooded forest).
Nous apercevons un dauphin rose des rivières (nous le suivons sans réussir à vraiment bien l’observer), un anhinga, des « stinky turkeys », des cassiques avec leurs nids caractéristiques qui pendent des arbres, un perroquet vert et orange, un oiseau au camouflage exceptionnel.
Le coucher de soleil sur la lagune est magnifique !
Le soir, soupe de légumes au pop-corn, araipama (énorme poisson de la lagune, plus de 2m de long) pané, purée et carottes-haricots verts en salade avec des bananes au chocolat en dessert et du jus de tamarillo en boisson. Les repas nous plaisent vraiment bien ! La nuit est bonne, même avec les bruits de la forêt (il n’y a pas de vitres aux fenêtres, seulement des moustiquaires)
Le samedi matin, après un bon petit déjeuner, nous prenons la pirogue avec la guide et nous ramons pour traverser un petit bout de lagune.
Nous voyons un beau perroquet vert, un toucan rayé et un héron.
Nous ramons jusqu’à un sentier terrestre où nous écoutons la guide plus que nous marchons. Il y a de nombreuses sortes de fourmis :
- une énorme colonie de fourmis coupe-feuilles qui bâtissent une fourmillière de plusieurs collines,
- des fourmis en symbiose avec une plante qui nichent dans des bourgeons de la plante et la défendent
- des fourmis-citrons, minuscules, qui vivent dans le tronc d’un arbre dont la sève a un goût citronné. Elles prennent le goût de cette sève et sont comestibles. On a goûté !
- une énorme fourmi de la famille des fourmis-balles (celles qui font aussi mal qu’une balle de pistolet)
- un nid de fourmis en boule sur un tronc d’arbre, avec des milliers de toutes petites fourmis qui grouillent dessus. Les indigènes mettent les mains sur le nid pour que les fourmis leur grimpent dessus et déposent leur acide formique sur leur peau. Cela protège des moustiques.
Nous avons également vu plusieurs sortes d’araignées : de petites venimeuses, de petites qui vivent en groupe, et surtout 2 belles « nephila » qui tissent la toile la plus solide au monde (le fil peut être utilisé pour des sutures biodégradables et pour les gilets pare-balles – on dirait presque un fil nylon dans la nature)
Nous avons vu des termitières, dont une dont les termites montaient dans un tuyau qu’elles avaient fabriqué le long de l’arbre pour se protéger des prédateurs.
Notre guide nous montre également un insecte mangé de l’intérieur par un champignon qui l’a colonisé peu à peu, jusqu’à « contrôler son cerveau » puis le tuer.
Il y a de nombreux exosquelettes vides suspendus aux arbres, issus des insectes qui ont trop grandi pour leur carapace.
Notre guide nous a également montré différentes plantes intéressantes :
- les feuilles utilisées par les indigènes pour se laisser des petits mots dans la forêt (par exemple, j’ai fini de chasser, je rentre mdr)
- le palmier qui marche : ses racines pousse du haut vers le bas dans la direction où il veut aller pour chercher la lumière, et les anciennes racines meurent, il se déplace donc réellement peu à peu.
- La liane de curare : en faisant bouillir cette liane, les indigènes obtiennent le curare paralysant dont ils enduisent leurs flèches (du bois aiguisé pour chasser à la sarbacane). Ils chassent souvent les singes ainsi. Il faut cuisiner la viande ensuite pour pouvoir la manger.
- L’arbre à quinine : l’écorce bouillie permet de récupérer une infusion médicinale qui traite le paludisme (et la covid selon la guide)
- Un très grand arbre aux grandes racines plates évasées et creuses, qui résonnent quand on tape dessus et qui permettent aux indigènes de prévenir s’ils se perdent en forêt.
La forêt amazonienne est un écosystème extraordanaire et fragile.
Le déjeuner ne nous déçoit pas. Macédoine de légumes tiède faite maison en entrée, steak, riz, haricots rouges et bananes frites en plat, puis un flan au caramel au dessert. On sort notre tablette de chocolat au café en faisant une partie de cartes tous les 4, et on se croirait à la maison ! :p
En fin d’après-midi, nous retournons en pirogue à la lagune. Nous ne sommes plus seuls avec la guide, une famille de Français avec une petite fille de 4 ans et 2 couples d’Européens sont arrivés au lodge. Nous voyons mieux les dauphins qu’hier. Les dauphins roses d’eau douce ont évolué à partir des dauphins de mer. Comme il y a plus d’obstacles dans la rivière et la lagune que dans la mer, leur tête est plus grosse pour augmenter la résonance de leur système de détection, leur dos est plus plat et leur cou est flexible pour qu’ils puissent se faufiler entre les racines. Ils ont une couleur rosée, surtout quand ils sont très actifs (afflux de sang)
Nous profitons encore une fois du coucher de soleil sur la lagune pendant que quelques personnes se baignent.
Après le dîner, nous partons en pirogue de nuit à la recherche des caïmans. Nous verrons surtout leurs yeux, et un beau boa constrictor.
Le dimanche 20 décembre, nous faisons un grand tour de pirogue de 3h le matin pour aller jusqu’aux lagunes suivantes. Jusqu’à présent, il avait fait plutôt bon, avec quelques averses rafraîchissantes. Aujourd’hui le soleil tape fort, et Alix se fait une cabane dans la pirogue sous un poncho de pluie !
Nous revoyons des stinky turkeys, ou dindes qui puent. Ce sont des oiseaux quasi-préhistoriques, considérés comme des descendants directs des archeopteryx. Quand ils sont bébés, ils ont des griffes sur les ailes, qui régressent à l’âge adulte. Leur estomac en plusieurs parties leur permet de digérer des feuilles en les faisant fermenter, ce qui donne très mauvais goût à leur viande. Elles sont tranquilles, on ne les chasse pas !
Nous observons ensuite des singes hurleurs, les animaux terrestres qui ont le cri qui porte le plus loin, à 2 km.
Nous nous arrêtons près d’un nid de guêpes. La guide nous demande de crier tous en même temps « March! » Et on entend le nid se réveiller en faisant le bruit d’une armée de soldats qui marchent! Assez incroyable 🙂
Nous revoyons ensuite des cassiques. Ces oiseaux noirs et jaunes, qui font des nids qui pendent la plupart du temps d’un palmier, ont une relation symbiotique avec les guêpes. Ils les alertent des dangers et elles les défendent. Ce sont les seuls oiseaux qu’elles n’attaquent pas. « Cassiqué » en quechua signifie « le chef ». En effet, les cassiques imitent le chant d’autres oiseaux et on pourrait croire qu’ils donnent des ordres aux autres oiseaux dans leur langue.
Les singes écureuils, mangeurs d’insectes, vivent en groupe et sont très actifs. On adore !
Il y a aussi de très beaux papillons, morpho ou autres.
Nous avons enfin la chance de voir 2 tortues, mais nous cherchons en vain un anaconda. Ils peuvent faire jusqu’à 6m dans la région ! Nous apercevons aussi un caracara noir et aigle pêcheur.
Après le déjeuner (empanada à la viande, porc caramélisé avec du maïs en salade, de l’avocat, des petits oignons rouges aux tomates, une banane rôtie, de la purée, puis fraises à la cannelle en dessert), nous jouons aux cartes et faisons un peu d’école.
Nous repartons vers 16h pour un dernier tour en bateau sur la lagune au coucher du soleil. Il fait bien meilleur, avec quelques nuages qui cachent le soleil. Nous voyons bien les dauphins roses, ainsi que des singes hurleurs, des singes écureuils, des chauve-souris et des oiseaux (anhinga).
Et surtout, nous sautons dans la lagune ! L’eau est très bonne, mais elle nous inspire une confiance modérée, on ne traîne pas.
Le soir après le dîner, c’est petite sortie nocturne pour voir les insectes. On aperçoit 2 caïmans sur le trajet, et nous avons la chance de voir une chouette au début du sentier. La guide nous montre une araignée venimeuse, des sauterelles, un scorpion dangereux, une araignée scorpion inoffensive qu’elle prend sur sa main, ainsi qu’une impressionnante tarentule juvénile (venimeuse, mais pas agressive)
Le lendemain matin, nous faisons une dernière balade d’une heure pour voir les oiseaux à 6h du matin, avant de repartir de la réserve de Cuyabeno.
L’Amazonie nous a émerveillé par ses paysages de forêt inondée, ses singes et ses toucans ! Nous serions bien restés un peu plus longtemps pour absorber le long trajet 😊
Fantastique ! Totalement dépaysant.
J’aime tout sauf les insectes 😨
Alix je trouve que ton voyage est trop génial. J’aimerais être à ta place.